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Le Batman démasqué ! Explication et réflexions sur la fin de The Dark Knight Rises...

Le Batman démasqué ! Explication et réflexions sur la fin de The Dark Knight Rises...

Un conseil, chers lecteurs, ne lisez pas cet article avant d'avoir vu le film : il contient de nombreux « spoilers » !...

Sans être un chef d'oeuvre, The Dark Knight Rises n'en est pas moins la conclusion brillante d'une trilogie qui aura redonné à Batman ses lettres de noblesse cinématographiques.

A Batman, ou à Bruce Wayne ?... Nous verrons en quoi l'oeuvre de Nolan est d'abord l'histoire de Bruce avant d'être celle de Batman (les deux sont indissociables, me direz-vous).

Un dénouement qui s'impose comme une évidence, dans la continuité des films précédents, empreint du réalisme avec lequel le cinéaste a revisité la légende du Chevalier Noir.

Un dénouement qui pourtant ne manquera pas de faire débat, non pas auprès des lecteurs de comics qui y verront une référence à « Knightfall », la célèbre bande dessinée où Batman fut vaincu pour la première fois, par Bane qui lui brisa le dos, mais auprès du grand public pour qui cette fin semblera peut-être incompatible avec l'image éternelle du super-héros.

Après la peur dans Batman Begins et le chaos dans The Dark Knight, Christopher Nolan fait de la souffrance et du désespoir les principaux thèmes de The Dark Knight Rises.

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La malédiction de Bruce

Dans The Dark Knight, Batman souhaitait qu'un autre symbole, sans masque, se substitue au sien et reprenne son combat au grand jour, et non dans l'ombre, pour protéger Gotham et donner ainsi la possibilité à Bruce Wayne de retrouver une vie normale : Harvey Dent était cet espoir d’un avenir où la ville n’aurait plus besoin de Batman.

En attribuant à Dent un héroïsme posthume mais mensonger, avec la complicité du commissaire Gordon, Batman créait une légende, celle du « Chevalier Blanc », qui offrait à la justice la possibilité de faire mettre les voyous en prison grâce à l'arsenal des lois votées en mémoire du supposé sacrifice de Dent. Le seul vrai sacrifice était pourtant celui de Batman, qui choisissait de s'accuser des crimes de Dent pour préserver sa réputation et laisser un espoir aux habitants de la ville.

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Dans The Dark Knight Rises, Gotham a retrouvé son calme, enfin débarrassée de la pègre qui la gangrenait de l'intérieur. Batman n'a pas choisi de disparaître : il est privé de sa raison d'être. La police n'a en effet plus besoin de lui. Pire, elle le pourchasse pour des meurtres qu'il n'a pas commis. Bruce Wayne a donc rangé son masque et vit reclus dans son manoir, ne s'autorisant que la visite d'Alfred.

Le majordome – qui est comme un père pour Bruce – rêve pour son maître d'un avenir où il serait enfin heureux : « Vous rappelez-vous quand vous avez quitté Gotham ?, lui dit Alfred. Avant tout ceci, avant Batman ? Vous êtes parti pendant sept ans. Sept ans pendant lesquels j'ai attendu, espérant que vous ne reviendriez jamais. (...) Je n'ai jamais voulu que vous reveniez à Gotham. J'ai toujours su qu'il n'y avait rien ici pour vous, rien que souffrance et tragédie. Et je voulais quelque chose d'autre pour vous. Je le veux encore. »

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Mais Bruce ne peut se résoudre à être quelqu'un d'autre que Batman, car le « Chevalier Noir » s'est emparé de son âme : Bruce s'est noyé dans « cette insupportable colère qui étouffe [son] chagrin au point que le souvenir de l’être aimé n’est plus qu’un poison dans [ses] veines » (Ra's Al Ghul, Batman Begins).

Après la mort de ses parents, Bruce avait en effet créé Batman comme une catharsis de sa colère vengeresse. Mais cette figure positive de Batman est devenue malédiction pour Bruce, car elle a engendré la figure négative du Joker, cet alter ego maléfique qui partage certains points communs avec lui – le goût du déguisement, la théatralité – et dont Rachel Dawes, la seule femme qu'il ait jamais aimée, sera la victime innocente.

Bruce apprend par Alfred que Rachel lui avait écrit une lettre avant de mourir, lui expliquant qu'elle lui garderait toujours son amitié mais que son coeur avait choisi Harvey, car elle avait compris que Bruce n'était plus le même depuis qu'il était devenu Batman, que l'homme qu'elle aimait jadis – avant qu'il ne quitte Gotham – avait disparu derrière le masque du milliardaire excentrique. Le majordome avait alors décidé de brûler cette lettre pour ne pas faire plus de peine à son maître.

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Rachel se serait-elle quand même tournée vers Dent si Bruce était resté celui qu'il était avant son départ de Gotham ?

N'est-ce pas par la faute du Batman que Bruce a perdu Rachel à jamais ?...

Egaré, tourmenté, Bruce n'est plus que l'ombre de lui-même.

La renaissance de Bruce

« Qu'attendez-vous ? » demande Alfred à son maître, au début de The Dark Knight Rises. « Que la situation dégénère à nouveau ? »

Car la paix qui règne à Gotham – comme toute paix ici-bas – n'est pas éternelle. La tempête approche, et elle a un nom : celui de Bane.

Dans The Dark Knight, le Joker voulait prouver que rien ni personne n'est incorruptible, en se jouant des règles de la société. « Introduisez une goutte d’anarchie, dérangez l’ordre établi et tout devient brutalement... chaotique... » disait-il. Avec Harvey « Double Face », il aurait atteint son but si Batman n'avait pas caché la vérité aux habitants de Gotham.

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Dans The Dark Knight Rises, Bane, qui n'est pas un terroriste mais un révolutionnaire, veut créer un nouvel ordre où les valeurs sont inversées. Il veut voir brûler Gotham, ville décadente à ses yeux, et achever ainsi le travail de destruction commencé par Ra's Al Ghul dans Batman Begins.

Mais avant cela, il veut faire régner la terreur à Gotham (la parodie de justice rendue par Jonathan Crane, alias l'Epouvantail, fait en tout point penser aux tribunaux fantoches de la Terreur), en même temps qu'il distillera un poison dans ses veines : celui de l'espoir.

Car, explique-t-il, la désespérance se nourrit de l'espoir...

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Après avoir battu Batman, Bane l'envoie dans la prison où lui-même apprit à vivre avec ce désespoir. Cette prison en forme de puits est une véritable torture psychologique pour ses occupants car la vision du jour leur donne le faux espoir de pouvoir s'en échapper, personne n'ayant jamais réussi à en gravir les murs de pierre.

« Pourquoi ne m'a tu pas tué ? », demande Batman.

« Ton châtiment doit être plus sévère encore », répond Bane.

« La torture ? »

« Oui, mais non pas du corps. De l'âme... Je vais faire renaître en vous l'espoir, à toi et à Gotham, et après cela je vous détruirai. (...) »

« Tu es un fou. »

« Quand Gotham sera en cendres... Alors je te donnerai le droit de mourir. »

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Bane veut d'abord faire souffrir Batman en le laissant contempler, à la télévision, dans sa cellule, la lente agonie de Gotham qu'il n'aura pas su protéger jusqu'au bout, afin qu'il réalise que son échec aura été total.

La chute n'est que plus brutale pour qui a entrevu l'espoir, aussi infime fut-il, pense Bane...

C'est pour cela qu'il fait éclater au grand jour la vérité sur Harvey Dent, expliquant à Gotham le mensonge de Gordon, corrompant ainsi la légende du Chevalier Blanc que Batman avait forgée, réduisant à néant l'espoir des habitants.

Gotham, la ville de Bruce Wayne... Le dernier lien qui l'unit à ses parents, son héritage...

Lui redonner espoir : tel est le but qui pousse Batman à reparaître.

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Bruce enfant était tombé dans un puits où était née sa peur des chauve-souris. « Pourquoi tombons-nous ?, lui avait alors dit son père. Pour mieux apprendre à nous relever. »

Comme un écho à ce premier film, Bruce vieillissant parvient ici à quitter le puits du désespoir où l'a enfermé Bane, après un recommencement initiatique au terme duquel il comprendra que Batman doit dépasser sa condition d'homme mortel, et donc faillible, et que ce n'est qu'ainsi qu'il pourra véritablement sauver Gotham.

Alors que le symbole de Batman était né de la chute primitive de Bruce, son ascension finale marque la renaissance de Bruce...

Bruce a enfin laissé tomber son masque et retrouvé son vrai visage.

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Du héros... à la légende

Le héros est un héros parce qu'il est héroïque et que tous reconnaissent ses exploits.

A la fin de The Dark Knight, Batman fait le sacrifice de l'héroïsme en choisissant de passer pour le méchant aux yeux de tous. « Parce qu’il est le héros que Gotham mérite. Pas celui dont on a besoin aujourd’hui... Alors nous le pourchasserons. Parce qu’il peut l’endurer. Parce que ce n’est pas un héros. C’est un gardien silencieux... qui veille et protège sans cesse. C’est le Chevalier Noir. » (Gordon, The Dark Knight).

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A la fin de The Dark Knight Rises, Bruce revient à Gotham pour la délivrer.

« Tu ne dois plus rien à ces gens, lui dit Sélina Kyle. Tu leur as tout donné ! »

« Non, pas tout. Pas encore. », répond Bruce Wayne.

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Avec l'aide de Catwoman, Bruce combat Bane qu'il terrasse, ainsi que Miranda Tate, alias Talia Al Ghul.

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Bruce sauve les habitants de Gotham en sacrifiant Batman qui a réussi à éloigner de la ville la bombe amorcée par Bane, juste avant que celle-ci n'explose.

Batman est mort, mais Bruce est vivant, car ce dernier s'est échappé du Batwing juste avant l'explosion, au moyen du pilote automatique que Bruce avait réussi à réparer.

Par son sacrifice, Batman devient un héros aux yeux de Gotham, après avoir été honni et pourchassé par elle.

« Batman n'appartient à personne », dit Wayne à l'inspecteur Blake.

En John – Robin – Blake, le seul à avoir deviné sa double identité – car la même rage, la même soif de justice coule dans les veines de cet orphelin –, Bruce Wayne trouve l'héritier à qui il lègue le masque de Batman.

Batman survit ainsi à Bruce Wayne car il n'est plus incarné par un seul homme, aussi héroïque soit-il, mais est désormais une légende immortelle qui efface celle, déchue, du Chevalier Blanc...

C'est l'ascension du Chevalier Noir !

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« Si vous dépassez votre condition humaine, si vous vous consacrez à un idéal (...) alors vous devenez quelque chose de différent... Une légende, Monsieur Wayne. » (Ra's Al Ghul, Batman Begins)

P.S.: Certains regretteront peut-être que le film ne montre pas Bruce Wayne former John Blake. On peut très bien imaginer qu'il le fasse sans que le réalisateur nous choisisse de le montrer à l'écran. Or quand bien même il ne le ferait pas, est-ce si important ? Car, comme le dit Ra's Al Ghul à Bruce dans Batman Begins, « L’entrainement n’est rien ! Seule la volonté compte. »

P.P.S.: The Dark Knight Rises est moins dramatique que son prédécesseur. En effet, les personnages réussissent dans ce film à changer leur destin qui apparaît au départ comme inéluctable : ainsi Bruce échappe-t-il à la fatalité qui condamne tout héros tragique – ce qu'il est – à la mort ; John Blake quitte la police dont il regrettre l'impuissance à réparer les injustices, pour embrasser le destin du Chevalier Noir ; Sélina Kyle parvient à faire « table rase » de son passé de voleuse pour suivre à nouveau le droit chemin, comme on peut vraisemblablement le supposer ; c'est pour cela qu'il n'y a rien d'étonnant à voir Bruce et Sélina côte à côte à la fin du film : tous deux ont bravé les mêmes épreuves et gagné la chance de vivre une vie meilleure. Bruce, avec son talent de détective, parvient à retrouver Alfred à Florence, dans le café où celui-ci a l'habitude de se rendre, pour lui montrer que son rêve de le voir un jour heureux s'est enfin réalisé.

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