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C Comme Cinéman
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Hunger games ****

Hunger games ****

affiche-the-hunger-games-13.jpgHunger games, de Gary Ross, sorti le 21 mars 2012

Hunger games est l'adaptation du premier roman d'une trilogie de science-fiction de Suzanne Collins ; cette dystopie – autrement dit contre-utopie – nous dépeint une société imaginaire, dans un futur proche, où les individus sont privés de leurs libertés fondamentales, après que, par le passé, le soulèvement d'une contrée opprimée par le régime ait conduit ce dernier à instaurer une loi cruelle qui exige du peuple vaincu qu'il verse chaque année un lourd tribut en mémoire de sa révolte : un jeune garçon et une jeune fille de chaque district doivent participer à des jeux télévisés que l'on appelle les Hunger games, au cours desquels les participants s'affrontent jusqu'à la mort dans une arène dont sortira vainqueur le dernier survivant.

C'est le point de départ d'une histoire où chaque personnage révèle sa vraie nature face à cet enjeu crucial : tuer ou être tué. Comment ne pas perdre la vie sans sacrifier son âme ? C'est la question que se pose le spectateur en même temps que l'héroïne, Katniss Everdeen, une jeune fille qui se porte volontaire pour prendre la place de sa jeune soeur aux 74èmes Hunger games et la sauver ainsi d'une mort presque certaine.

Jennifer Lawrence, étoile montante d'Hollywood, incarne la jeune fille avec la finesse et la conviction d'une actrice accomplie ; elle sait nous intéresser au destin de Katniss, une héroïne forte, presque dure, pleine de noblesse, qui a la beauté et la hardiesse d'une princesse antique prête au sacrifice de sa vie plutôt qu'à la souillure de la corruption. A ses côtés, Josh Hutcherson et Liam Hemsworth, autres jeunes acteurs prometteurs, s'en tirent avec les honneurs même s'ils n'ont pas le charisme de notre héroïne. Woody Harrelson campe avec brio le mentor de Katniss ; ce dernier a survécu à un précédent tournoi et entraîne la jeune fille avant son entrée dans l'arène ; ce personnage émouvant apporte une touche d'humour bienvenue dans le monde impitoyable et décadent de Panem. Saluons enfin la formidable performance de Stanley Tucci, qui, une fois de plus, fait montre d'un immense talent dans le rôle en apparence plutôt simple – en apparence seulement – du présentateur des jeux, affichant le sourire bienveillant d'un showman faussement sympathique mais en réalité cynique et carnassier, qui, sous les feux de la rampe, au milieu du strass et des paillettes, flatte les plus bas instincts du public et se joue des sentiments des candidats qu'il interroge.

Car Hunger games, au-delà de l'action trépidante que nous offre le film et des surprises scénaristiques qu'il nous réserve, pointe du doigt les travers de notre société, sa dérive morale, son collectivisme, la manipulation des foules que l'on avilit en exacerbant leurs passions. Mais Gary Ross, le réalisateur, se garde bien d'appuyer cette satire par de lénifiants discours ; il privilégie l'émotion et la tension dramatique pour captiver son spectateur jusqu'à la délivrance finale, aidé en cela par la très belle partition de James Newton Howard dont la mélodie parvient à toucher la corde sensible. La photographie est des plus réussies : les paysages de forêt sont splendides ; seul bémol : la ville du Capitole est un peu trop clinquante, les effets numériques manquant de réalisme et donnant une image un peu floue des décors de la mégalopole.

Bref, après avoir été un best-seller de librairie, Hunger games peut se targuer d'être une indiscutable réussite cinématographique dont on attend la suite avec une vive impatience.