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C Comme Cinéman
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Cristeros *** : ma critique du film !

Cristeros *** : ma critique du film !

cristeros.jpgCristeros, de Dean Wright, sorti le 14 mai 2014

Cristeros raconte l'histoire vraie de la révolte armée des catholiques mexicains, dans les années vingt, en réaction à l'oppression sanglante du gouvernement révolutionnaire du président Callès. Histoire méconnue en France, pour ne pas dire inconnue, tout autant d'ailleurs qu'au Mexique où les instances officielles n'aiment pas à se remémorer cet épisode peu flatteur de l'histoire de leur pays. A une époque où neuf mexicains sur dix étaient de fervents catholiques, les lois anticléricales du franc-maçon Callès, ouvertement hostile à l’Église, ne pouvaient en effet que déclencher une guerre civile. Malgré les manifestations pacifiques de la population, rien ne put infléchir la position du gouvernement ; les exactions de l'armée mexicaine, chargée d'exécuter les prêtres et fidèles réfractaires, entraînèrent aussitôt le soulèvement du peuple qui s'organisa bientôt en une armée de Cristeros (« combattants du Christ »).

Le film marque les débuts de Dean Wright derrière la caméra, lui qui fut responsable des effets visuels de nombreux films, parmi lesquels les deux derniers épisodes du Seigneur des Anneaux. Il se veut objectif, et fidèle à l'histoire ; de fait, la reconstitution des lieux, de l'époque, est irréprochable. L'on découvre avec émerveillement la beauté de ces villages et paysages du Mexique, hélas ensanglantés du sang de ces martyrs, qui, tels les Chouans lors de la Terreur, préférèrent mourir plutôt que de renier leur foi.

Le scénario suit plusieurs groupes de personnages : les uns appartiennent à une ligue de défense de la liberté religieuse, et cherchent à rétablir la justice par leur action publique et pacifique dans un premier temps, puis, devant le durcissement de la répression, dans la clandestinité. Les autres suivent le général Gorostieta, interprété par l'excellent (et trop rare) Andy Garcia, recruté par ladite ligue pour apporter une discipline militaire à une insurrection jusque là inorganisée. Gorostieta est un homme de principe mais peu croyant. La cause lui semble cependant noble – et plus désirable que l'existence un peu morne qu'il mène depuis la fin de sa carrière militaire. Son épouse, campée par une Eva Longoria dont le jeu, pourtant sincère, ne sonne pas très juste (la faute à quelques dialogues mal écrits, ou peut-être simplement mal traduits), après quelques hésitations l'encourage à s'engager dans cette entreprise en apparence un peu folle.

Gorostieta, devenu général en chef des Cristeros, reçoit l'aide du père Vega (l'excellent Santiago Cabrera, qui jouait le rôle du peintre Isaac Mendes dans la série Heroes), et de Victoria « El Catorce » Ramirez, ainsi surnommé pour avoir tué seul quatorze soldats qui cherchaient à le capturer (interprété par le talentueux Oscar Isaac, dont la notoriété grandissante lui a permis de décrocher, après Sucker Punch et Drive, un rôle dans le prochain Star Wars Episode VII). Tout comme Andy Garcia, brillant dans la peau de ce militaire assez indifférent au départ, mais qui par suite des épreuves qu'il traverse se laisse toucher par la bravoure de ses soldats et nous devient réellement attachant, ces seconds rôles, parfaitement convaincants eux aussi, nous entraînent sans difficulté dans ce combat humainement désespéré mais soutenu par une foi inébranlable.

Le petit José Sanchez, jeune garçon de treize ans témoin de l'assassinat d'un prêtre très pieux et très bon (joué par un Peter O'Toole émouvant), dont il était devenu l'ami, s'engage à son tour dans l'armée des Cristeros et devient l'aide de camp du général Gorostieta, qui s'attache à lui comme un père à son fils. Cette amitié très touchante est la partie la plus réussie d'un film qui, du fait de la multiplicité de ses personnages à qui le réalisateur – par souci de rigueur historique et par hommage à leur mémoire – a voulu offrir à tous une place importante à l'écran, se disperse parfois un peu au détriment du rythme et de l'unité de la narration.

Les moments de bravoure, nombreux, sont entrecoupés de scènes plus intimistes qui donnent tout leur sens à la lutte des Cristeros. Les sentiments des personnages sont nobles, élevés, mais le cinéaste évite toute mièvrerie. L’œuvre est véritablement inspirée, et propice à l'introspection personnelle. Qu'aurions-nous fait à leur place ?... L'exemple des Cristeros, à la fois dignes et résignés, soumis à la volonté du Créateur, ne peut qu'encourager, galvaniser, affermir. La musique de James Horner soutient l'action comme il se doit et sait se faire plus discrète dans les scènes plus contemplatives.

En bref, les critiques négatives du film, pour la plupart injustifiées (pour ne pas dire orientées), ne doivent pas vous empêcher d'aller le voir en salle, bien au contraire ! Car sans être parfait, Cristeros est une belle réussite, à ne manquer sous aucun prétexte.