The Spirit *

The Spirit, de Frank Miller, sorti le 31 décembre 2008

The Spirit marque l'émergence d'un nouveau genre de cinéma : un cinéma où l'effet numérique ne sert plus seulement les scènes d'action mais retouche le film dans son ensemble, son aspect graphique en particulier.

La frontière entre le réel et l'imaginaire s'amenuise progressivement... C'est bien là le point fort de ce film ! Mis à part quelques bizarreries visuelles, son esthétique est soignée et originale. Un étrange mélange de noir et blanc et de couleurs nous entraîne dans l'univers de ce polar un peu déluré.

Le reste du film n'est malheureusement pas à la hauteur des espérances que nourrissait en moi la première bande-annonce : elle annonçait l'histoire d'un justicier masqué cherchant à débarrasser la ville de sa gangrène criminelle, dans une ambiance de film noir des années trente, où le héros se définissait comme l'âme de sa ville, "son esprit". C'était vraiment prometteur ! Mais le film manque de cohérence, de ligne directrice. Il se perd dans les dédales loufoques d'un scénario inconsistant, ponctué de quelques fautes de goût assez malvenues dont certaines ont même la fâcheuse conséquence de ridiculiser le héros. Les personnages sont froids et peu attachants, leur psychologie ne sonne pas très juste. La musique est presque inexistante.

L'ambiance n'est pas homogène d'un bout à l'autre du film : est-ce une comédie burlesque ? Est-ce un film noir ? Est-ce un film sentimental (la pléthore de femmes fatales et la tendance du héros à courir de l'une à l'autre contribuent à diluer l'intérêt du spectateur) ? La fin est bâclée, avec un rebondissement tellement peu mis en valeur qu'on aurait tendance à ne même pas y faire attention.

Bref, beaucoup d'erreurs qu'un scénario solide et une vraie unité de style auraient permis d'éviter. C'est bien regrettable car la matière d'un chef d'oeuvre était là, comme en témoignent deux ou trois excellentes scènes. Reste son originalité graphique que l'on n'oubliera pas de sitôt.